samedi 28 novembre 2015

Le bonheur en de simples choses.

Oh Lecteur de mon coeur, Adoré de mes heures internet et confus Inconnu de la blogosphère, j'espère que tu vas bien.

Car personnellement, c'est globalement mon cas; des soucis de santé toujours mais on tient le coup.
J'ai vécu une chouette pause dans mon stage (un WE de 4 jours à Monaco est comme une pépite d'or) et j'en ai profité pour rendre visite à mon autorité supérieure. Accompagnée de mon mini tyran bien évidemment.



Outre dormir, manger, papouiller le mini tyran et stresser à l'idée de ne pas obtenir mon stage tant convoité, j'ai pu exécuter les petits rituels que j'ai à Marseille : aller chez Emmaüs, voir la mer, boire du thé en terrasse au soleil et marcher.
J'aime beaucoup aller chez Emmaüs car j'apprécie cette idée de recyclage de l'objet, de partage et de pérennité. Pour moi, un objet a d'autant plus de valeur qu'il a une histoire. 
En plus j'aime fouiner, passer des heures à chercher, regarder, m'extasier sur la cochonnerie la plus kitch comme le plus bel objet. Allez chez Emmaüs, en fripe ou aux puces avec moi, vous repartirez forcément avec quelque chose que vous ne pensiez même pas trouver.
Cette semaine, contrairement à la dernière fois, j'ai été particulièrement raisonnable. Oui oui oui c'est possible. Moune par contre... Bon je dois l'avouer c'est de ma faute, j'ai eu le malheur de lui trouver deux Moustiers Jacques Lallier. 


Pour ma part, j'avais en tête de trouver un bon gros pull cocooning pour rester à la maison avec du thé en regardant le temps passer par la fenêtre.
Au final j'ai également trouvé un Pyrex Classic Kitchen Lag Shaker à vinaigrette, une verseuse à café (que j'utiliserais pour le thé évidemment) en porcelaine de Limoges et deux pulls en maille fully fashion. Bref happy Angie.


Après cette ruine considérable *koff*, Moune et moi sommes rentrées pour manger un bout puis partir en direction du salon du chocolat situé près du Mucem. Mais en grandes folles, évidemment, nous avons choisi d'y aller à pied.



Je suis pas une connasse en Stan Smith mais en Air Max. Merci, bisous.
Nous avons marché pendant un long moment (plus d'1h très facilement) mais le vent s'est arrêté et les nuages se sont agglutinés. Puis vint la pluie et la grêle. Joyeux quoi. Mais c'était assez drôle d'entendre les marseillais dire : "ah bah elles sont là les premières ?" ou encore "oh non j'avais prévu que ma doudoune aujourd'hui.". Oui les changements de temps sont monnaie courante à Marseille.

Weather is a serious business.
Mais la température m'a permis/donné l'excuse de ramener ce butin de sucreries. Notamment des macarons au coquelicot; et je ne parle pas de ces horreurs de macarons parisiens, non je parle du VRAI macaron, à la douce saveur d'amande et à la texture de gâteau. Oh et aussi une superbe confiture nommée "Favorite du Roy" au fruits rouges et champagne (Hana je pense à toi).




Et même mini tyran est gracieux maintenant.




enfin presque.

dimanche 15 novembre 2015

Sub cujus imperio suma libertas


Un travail rapide, dans l'urgence et l'émotion. Une Marianne à nu, le coeur explosant, des perles rouges aux yeux mais toujours droite et fière.
Les mots sont l'ancienne devise de Marseille. Mon coeur est aux deux villes et cette devise, autant que celle de Paris, représente ce que nous sommes : Sous quelque empire que ce soit liberté entière.

Car il faut Vivre, Chanter, Aimer, Danser, Manger, Boire, Faire l'amour bref être ce que nous sommes : des êtres humains ne pliant pas face à la bêtise, l'ignorance et la stupidité.
L'histoire de France est jalonnée de faits tout aussi sordides mais, tels des morbacks (oui la comparaison n'est pas flatteuse mais cela montre à quel point nous pouvons êtres chiants également), nous tenons et perdurons. 

Alors à toi qui veut haïr saches que malgré tout je vivrais et aimerais l'être humain qu'importe sa religion, sa couleur et autre imbéciles étiquettes. Je l'aimerais cet enfant de l'univers. Du plus profond de mon coeur et mon âme.

samedi 7 novembre 2015

Rien ne vaut une douce maman - L. Tolstoï, Anna Karénine

Parce qu'avoir une citation de Tolstoï cela poutre un peu beaucoup. Mais, en même temps, celle-ci est si vraie. Enfin pour ceux qui ont une bonne relation avec leur mère.

Et parce que je ne pouvais pas évoquer une autorité supérieure sans une autre.

Elle est beaucoup de choses. Très protectrice mais aussi un peu trop abnégation power sur les bords. Sans doute son éducation chez les Ursulines. Elle a beaucoup de culture et est assez curieuse bien que dubitative sur beaucoup de choses. Elle commence enfin a vouloir vivre un peu. Elle aime les couleurs chaudes. Elle a appris le braille.

C'est d'ailleurs cette anecdote que je vais raconter et cela sera amplement suffisant.

Donc ma divine mère n'y voyait pas. Mais quand je dis cela je ne mâche pas mes mots : enfant, elle n'y voyait pas à deux centimètre si bien qu'elle était considérée comme aveugle. La vieille garce lui reprochait tout et "en plus elle n'y voit pas"; rien pour plaire la pauvre fille.
Alors elle a été envoyée à Marseille pour être soignée et apprendre à se débrouiller. Sa journée se rythmait entre la vie et l'école chez les soeurs de la fondation Arc-en-ciel et l'hôpital l'Hôtel Dieu (magnifique bâtiment aujourd'hui transformé en véritable hôtel). Tous les jours, elles et d'autres enfants descendaient la Montée de l'Oratoire, le cours Pierre-Puget puis la rue Breteuil, le cours Jean Ballard et enfin longeaient le Vieux Port jusqu'à arriver à l'hôpital. Si vous êtes déjà allés à Marseille vous savez que cela fait une sacrée trotte à patte. Car la Montée de l'Oratoire est situé juste en dessous de la Bonne Mère; d'ailleurs ils y allaient pour l'office du matin tous les dimanches.

En bref, la vie de ma mère cela n'a jamais été simple et ce, depuis le début.

Tu la téma ma magnificence ?! Pierre Puget était un artiste marseillais. Sur la statue il est écrit "Les Marseillais rendent hommage à celui devant qui le marbre tremblait". Nous n'exagérons jamais.

Une bulle de verdure dans la cité phocéenne. Une bulle qui a plus de 200 ans.

À l'occasion du 1er Novembre, Moune et moi sommes montées à la Bonne Mère pour déposer deux cierges dans la crypte de la Vierge. Cela a été l'occasion d'une bonne balade sous le soleil d'hiver. J'aime l'hiver à Marseille : l'air y est froid et sec, le soleil brille toujours, tu peux boire un thé fumant sur les terrasses tout en sentant l'iode de la mer. Si un jour je dois revenir m'installer, ce sera ici. Marseille est ma seconde Mère.
Involontairement, je suppose, Moune m'a fait passer par une partie du chemin qu'elle empruntait enfant. Je suppose qu'ayant récemment vécu ses opérations des yeux, elle voulait revivre son enfance aveugle et "revoir" ce qui avait été son univers pendant presque 5 ans. Elle avait 5 ans quand elle est arrivée à Marseille. On a donc déambuler dans la colline Puget. Je me gausse encore en pensant aux parisiens se plaignant de grimper Montmartre; mes pauvres chéris, ne venez jamais ici, des collines il n'y a que ça. Mais bref, la colline est parcourue d'un silence quasi religieux alors qu'elle est ultra fréquentée par les enfants et les familles.
Il y a aussi deux autres statues : Louis Braille et le père Louis-Toussaint Dassy. L'un a créé un moyen d'écrire et de communiquer basé sur un encodage militaire (encore utilisé à l'heure actuelle) et l'autre est le co-fondateur de ce qui a sauvé ma mère. Je dois avouer qu'en face de ces deux statues, j'ai peiné à retenir mes larmes. Moune me parlait d'eux avec un amour proche de l'idolatrerie mais j'ai retenu une phrase en particulier :

Tu vois moi je ne voyais rien et on avait rien pour nous aider réellement. 
Ces gens se sont penchés vers des êtres comme moi. 
Des êtres qui, aux yeux de presque tous, étaient une perte de temps.

Malgré l'émotion nous avons continué. La Bonne Mère n'était plus très loin, nous sommes montées par le chemin de Croix, toujours sous le soleil radieux.
Nous avons regardé la mer et Marseille fourmiller sous nos yeux en compagnie de gens de toutes les origines, de toutes les religions, de toutes les nationalités. Elle est la Mère de Marseille, affectueusement les musulmans l'appellent Oummi ou Unma, les juifs lui rendent grâce, j'ai même vu des bouddhistes venir lui rendre hommage etc... Lors du siège de Marseille par les Nazis, les marseillais se sont battus bec et ongle pour la libérer; qu'importe mourir si Elle était libre. Bombardée, à moitié détruite, Elle a tenu jusqu'au bout, a été réparée et salue toujours sa jumelle par de-là la mer.


Oui même les huissiers.

Et oui, il y a des répliques de bateaux accrochés un peu partout. La tradition est d'apporter une image ou une réplique miniature pour bénir le bateau.


La basilique fourmille de détails. On peut y passer des heures entières.

Après les bondieuseries, j'ai réussi à pousser ma mère à passer par la rue où se trouvait ce qui avait été "chez elle". La Montée de l'oratoire, même que plus loin on avait droit à une merveilleuse boutage marseillaise :

Oui c'est une avenue.
Mais bref, une fois arrivées devant le 8 Montée de l'oratoire. Moune était hésitante devant la sonnette, j'ai appuyé à sa place. Vigoureusement. Au bout de la troisième fois, une petite soeur nous a ouvert. Elle avait un nom trop cool : Soeur Georgette. Moune lui a expliqué ce qu'elle avait vécu et là, je crois sincèrement que son coeur a eu une épiphanie, la soeur lui gentiment proposé d'entrer et de revoir l'endroit. Elle lui racontait toute son histoire, les moments, la façon dont c'était organisé auparavant, elle touchait les objets. C'était très émouvant de la voir ainsi.
Pendant 1h, ma mère était redevenue une enfant.
L'apothéose fut quand la soeur lui proposa de venir dans la chapelle.
J'ai laissé ma mère tranquillement prier; j'entendais ses pleurs légers. J'ai demandé l'autorisation à la soeur et j'ai pu prendre cette photo.
Elle a toute l'émotion et la simplicité de l'être humain.




Nous sommes reparties vers la mer. À temps pour voir un coucher de soleil qui venait clore cette douce journée. Alors que le soleil se couchait, de la musique bourdonnait dans mes oreilles. Doucement, comme un souvenir.




(Cela vaut également comme samedi de l'interlude musical x 2)